Les lanceurs soviétiques et russes

lanceur VOSTOK lanceur Soyouzlanceur Protonlanceur Energia et Bourane  lanceur Angara

La fusée Vostok (du russe Восток signifiant « Est ») est un lanceur soviétique mis au point à la fin des années 1950 à partir de la fusée Semiorka par ajout d'un troisième étage, le bloc E. Sa charge utile en orbite basse était d'environ 5,5 tonnes contre 1,5 tonne pour la Semiorka.

Ce lanceur a été utilisé pour lancer les premiers cosmonautes soviétiques à bord de leur vaisseau Vostok ainsi que les premières sondes spatiales du programme Luna. Son emploi principal est la mise en orbite des satellites de reconnaissance Zenit et RORSAT ainsi que les satellites météorologiques Meteor. Une version légèrement différente du lanceur existait pour chaque type de charge utile.

167 exemplaires de ce lanceur fabriqués en majorité dans l'usine Progress de Samara ont été tirés à partir de 1958. Le lanceur a été progressivement remplacé par des lanceurs mieux adaptés, en particulier par la fusée Soyouz, version de la Semiorka plus puissante et disposant d'un étage rallumable. Le dernier exemplaire a été lancé le 29 août 1991.

A gauche, badge commémoratif du lanceur Semiorka (R-7) porteur de cabines VOSTOK


Le 12.04.1961 est la date du vol de Gagarine avec Vostok-1
Soyouz (du russe Союз, « Union ») est un lanceur soviétique puis russe dont la conception remonte aux années 1950 et qui fut utilisé initialement pour lancer les vaisseaux avec équipage du programme Soyouz. Ce lanceur, d'un peu plus de 310 tonnes et 46 mètres de haut, peut placer une charge utile de plus de 7 tonnes en orbite terrestre basse depuis les cosmodromes russes. Il est notamment utilisé de nos jours pour mettre en orbite des satellites militaires russes, les équipages de la Station spatiale internationale, lancer les vaisseaux cargo Progress qui ravitaillent la Station spatiale internationale et pour mettre sur orbite des satellites scientifiques russes ou européens.
Grâce à sa fiabilité et son faible coût de production, il est toujours apprécié malgré la rusticité des techniques employées. À fin 2017, plus de 1 880 lanceurs Soyouz ont été lancés1, avec un taux de réussite proche de 98 %. De juillet 2011 (retrait du service de la navette spatiale américaine) à mai 2020 (premier vol habité du Crew Dragon), le vaisseau Soyouz était le seul véhicule capable d'envoyer un équipage vers la station spatiale internationale.


Tous les lanceurs Soyouz sont construits depuis le début dans l'usine Progress située à Samara, dans le sud-est de la Russie. Il se fabrique dans ce centre jusqu'à soixante lanceurs Soyouz par an au début des années 1980.
proton%20patch.jpg La fusée Proton (Прото́н) (initialement UR-500) est un lanceur lourd russe capable de placer une charge utile de 22 tonnes en orbite basse et plus de quatre tonnes en orbite géostationnaire. Développé au début des années 1960 le premier tir réussi a lieu en 1965. Depuis sa conception, 427 Proton ont été lancées et la fusée reste aujourd'hui le principal lanceur lourd russe.

La fusée Proton est tirée de manière exclusive depuis la base de lancement de Baïkonour. Plusieurs configurations sont disponibles : dans sa version la plus utilisée, la Proton-M/Briz-M comporte quatre étages d'un diamètre uniforme de 4,15 mètres (7,4 m au niveau du premier étage), est haute de 57 mètres et pèse environ 700 tonnes. Les trois premiers étages utilisent pour leur propulsion un mélange de diméthylhydrazine asymétrique (UDMH) et de peroxyde d'azote. Ces ergols peuvent être stockés, contrairement aux autres carburants, ce qui constituait un avantage décisif lorsqu'il était envisagé d'en faire un missile balistique intercontinental. Son constructeur moscovite GKNPZ Khrounitchev a lancé le développement d'une nouvelle famille de lanceurs Angara ; celle-ci doit remplacer dans les années 2010 les Proton qui présentent notamment l'inconvénient d'utiliser des ergols trop toxiques selon les normes désormais en vigueur. En 2016, le développement de deux variantes bi-étages moins puissantes (3,5 à 5 tonnes sur orbite de transfert) est annoncé.

Energia
(en russe : Энергия) est un lanceur spatial super lourd développé dans les années 1970 par l'Union soviétique capable de placer en orbite basse une masse de 105 tonnes, que ce soit des satellites, des stations spatiales, ou les navettes spatiales soviétiques. Il s'agit toujours aujourd'hui du deuxième lanceur de l'histoire avec la plus grande capacité après la Saturn V, ainsi que celui développant la poussée la plus importante, après la N1. Energuia n'a volé que deux fois, avec succès, en mai 1987 et en novembre 1988, avant que le lanceur soit mis à la
retraite prématurément du fait de l'effondrement de l'Union soviétique. Le lanceur est composé de quatre blocs latéraux à ergols liquides, et d'un étage central pour lequel les ingénieurs soviétiques ont développé le premier moteur du pays à fonctionner grâce à des ergols cryotechniques1.

Le développement du lanceur est approuvé comme réponse au projet d'utilisations militaires de la navette spatiale américaine. Néanmoins au moment du premier vol du lanceur, les plans américains ne prévoient plus d'utiliser la navette américaine comme vecteur de leur programme spatial militaire, rendant de ce fait Energuia sans objectif précis. Le coût exorbitant des premiers exemplaires du lanceur dans un pays alors économiquement exsangue amèneront les dirigeants soviétiques à mettre en pause le programme de lanceur Energuia ainsi que celui de la navette Bourane. Le dernier exemplaire construit du lanceur est détruit en 2002 par l'effondrement de son hangar de stockage.

Le programme Energuia/Bourane dans son ensemble fut le plus coûteux de l'histoire derrière le programme Apollo, et celui ayant mobilisé le plus de personnes pour sa réalisation, devant le programme Apollo. Certains éléments du programme sont toujours utilisés sur des lanceurs actuels, mais la majorité des composants développés pour le lanceur furent abandonnés à l'arrêt du programme au début des années 1990.
Angara%20patch.jpg Les lanceurs Angara (en russe : Ангара, d'après une rivière de Sibérie) sont une famille de fusées russes du XXème siècle, qui prennent notamment la suite du lanceur lourd Proton dont le retrait est programmé à cause de son utilisation d'ergols très toxiques.

Toutes les configurations du nouveau lanceur sont construites autour d'un premier étage commun URM-1 (Universal Rocket Module) propulsé par un moteur RD-191 de 196 tonnes de poussée, brûlant un mélange de kérosène et d'oxygène liquide. L'ajout de deux ou quatre URM accrochés à l'URM central et l'utilisation d'étages supérieurs plus ou moins puissants permettent d'obtenir une famille de lanceurs pouvant placer en orbite basse un engin spatial de 2 à 25 tonnes selon la configuration retenue. Les lanceurs Angara sont lancés depuis un nouveau pas de tir construit sur la base de lancement de Plesetsk, en Russie. L'utilisation du nouveau lanceur doit permettre de réduire la dépendance de la Russie vis-à-vis du Kazakhstan sur le territoire duquel est situé le cosmodrome de Baïkonour d'où sont lancées un grand nombre de fusées.